
La fidélité des alternants en entreprise : un défi croissant pour les entreprises
L’alternance connaît un essor sans précédent en France, avec plus d’un million de jeunes engagés dans cette voie en 2023. Cependant, cette croissance s’accompagne d’un paradoxe inquiétant : la proportion d’apprentis s’inscrivant comme demandeurs d’emploi à l’issue de leur formation a triplé entre 2018 et 2023.
Un constat alarmant : l’augmentation du chômage post-alternance
Les chiffres révèlent une réalité préoccupante. En 2023, 65 000 ouvertures de droits « par des sortants d’apprentissage » ont été recensées, représentant 7,8% des nouveaux demandeurs d’emploi indemnisés. Cette tendance soulève des questions quant à l’efficacité de l’alternance comme tremplin vers l’emploi stable.
Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène :
- Certaines entreprises considèrent l’alternance principalement comme un moyen d’éviter la contribution supplémentaire à l’apprentissage (CSA) ou de bénéficier de la prime de 6 000 euros, sans réelle intention d’embauche à long terme.
- Un manque de communication entre l’employeur et l’alternant concernant les perspectives d’avenir au sein de l’entreprise peut pousser ce dernier à chercher ailleurs.
- Une évolution du rapport au travail et la recherche d’une certaine forme de liberté
Stratégies de fidélisation : l’importance de l’accompagnement et de la communication
Pour remédier à cette situation, les entreprises doivent adopter une approche proactive. Dès le recrutement d’un alternant, une réflexion s’impose sur l’intention de le garder à l’issue de sa formation. Sans s’engager formellement, l’employeur gagnerait à évoquer les opportunités potentielles au sein de l’entreprise, permettant ainsi à l’alternant de se projeter.
L’accompagnement joue un rôle crucial dans la fidélisation des alternants. Un suivi régulier, incluant des entretiens d’activité, des entretiens professionnels, favorise l’intégration et le développement des compétences.
Négliger ces entretiens peut d’ailleurs entraîner une pénalité financière de 3 000 euros si l’alternant devient salarié permanent.
Le défi de l’attractivité : comprendre les attentes des alternants
La réalité du terrain révèle un décalage entre les attentes des entreprises et celles des alternants. Une étude informelle de Caraxo menée auprès d’étudiants montre que seuls 18% d’entre eux envisagent de rester dans leur entreprise d’accueil si une offre leur était proposée. Ce constat souligne l’importance d’un travail de fond pour améliorer l’attractivité et la rétention.
L’alternance demeure un excellent moyen d’intégrer le marché du travail, offrant une expérience pratique et une rémunération. Cependant, cette voie exige un investissement important de la part des jeunes, jonglant entre les exigences de l’entreprise et celles de la formation. .
La fidélisation des alternants représente, ainsi, un enjeu majeur pour les entreprises. . Ces efforts contribueront non seulement à réduire le taux de chômage post-alternance, mais également à capitaliser sur les compétences développées pendant la formation, au bénéfice mutuel des entreprises et des jeunes professionnels.